Ce thème de ton simpl gavotte n'est qu'une infime partie de ce qui devrait être une longue suite de danse. Il constitue très modestement un clin d'oeil aux fabuleuses nuits de la gavotte passées à Poullaouen depuis mon arrivée en Bretagne. J'ai trouvé ce thème en fouillant sur le site de collectage DASTUM, mine d'or de mélodies : il y était chanté par Marthe Vassallo et Louise Ebrel, une version enregistrée en fest-noz dont l'énergie et la puissance, des voix, des intentions de chant, m'ont sidérée. C'est en questionnant Marthe Vassallo sur les paroles de cette chanson que j'ai choisi de l'intituler, sur ses conseils, « Nozvezh keñtañ ma eured » soit « La première nuit de mes noces ». C'est aussi en clin d'oeil aux moments où j'ai découvert le fest-noz chanté et sonné que j'ai souhaité jouer pour un petit groupe de danseurs présents en studio et enregistrer leurs pas.
J'ai composé le premier thème en l'arrangeant à deux flûtes, pour ma nièce Klara Nilssen, petit tourbillon de tendresse qui vit très loin, tout au nord de la Norvège et dont les sourires se répandent vers moi en mélodies ; « Lille Klara » signifie « Petite Klara » en norvégien. Le second thème est une magnifique composition du guitariste breton Soïg Sibéril, fabriquée avec Jacky Molard pour le groupe Den dans les années 90, groupe que j'ai beaucoup écouté. Le thème était à l'origine joué à la cornemuse par Patrick Molard.
Cette mélodie dont le titre signifie « Le petit bouquet de roseaux (The little bunch of rushes) » est une chanson irlandaise très ancienne qui raconte l'histoire banale d'un amour déçu : une jeune femme, alors qu'elle cueille paisiblement des roseaux, croise le chemin d'un homme qui la courtise. Elle lui offre en retour quelques brins de son bouquet de roseaux puis le regrette amèrement. Il existe de nombreuses versions mélodiques de cette chanson et j'ai adapté celle-ci pour la flûte, qui est une des moins courantes, de la chanteuse Caitlín Ní Bheaglaoich.
Le premier air de cette suite écossaise est une chanson gaélique dont il existe de nombreuses versions, chantées ou instrumentales, ainsi qu'en pibroch (pour cornemuse écossaise). J'ai transposé pour la flûte une version enregistrée par la chanteuse et flûtiste Nuala Kennedy de Dundalk (Irlande du Nord), qu'elle avait elle-même apprise de la chanteuse écossaise Ishbel McAskill. Cette chanson est une berceuse dans laquelle le narrateur bénit le mariage futur du petit enfant, en racontant que les rois et tous les clans viendront d'Ulster pour célébrer la fête ; ce texte illustre le lien historique entre l'Ecosse et l'Ulster. Les deux thèmes suivants sont deux strathspey que j'ai dénichés dans un recueil de thèmes, le « Mc Donald's - For the highland bagpipes » dont l'exploration m'avait été conseillée par Patrick Molard.
J'ai appris le premier morceau de cette suite de la joueuse de banjo Angelina Carberry, dont le style de jeu, l'inventivité des variations, les choix de morceaux et le swing me fascinent. Le second porte le nom d'un flûtiste fameux du début du XXe, dans le comté d'Armagh, facilement identifiable parce qu'il jouait sur une flûte en ivoire et dont j'ai découvert l'existence grâce au flutiste Harry Bradley. James McMahon a en effet composé et légué un répertoire considérable de très beaux thèmes pour la flûte, dont celui-ci fait partie. Enfin j'ai appris le dernier thème du violoniste Paul O'Shaughnessy, enregistré en session lors de son passage en Bretagne en juin 2015. Il s'appelle « The Rannafast » et c'est un morceau qui vient du nord de l'Irlande.
J'ai entendu le premier thème chanté a capella par Ifig Troadec, qui en est à la fois le dénicheur et l'interprète. Il s'agit d'une chanson qu'il a collectée dans le village de Pluzunet auprès de Louise Le Bonniec ; un clin d'oeil à ce secteur du Trégor où je vis depuis maintenant 6 ans. Cette longue chanson, qui se déroule sur une trentaine de couplets et dont la mélodie se répète de manière cyclique, conte la triste histoire de la jeune Janig Riou, qui se jette dans un étang après avoir passé la nuit de manière déshonorante chez le seigneur de Koadriou. J'ai imaginé la seconde mélodie en hommage à des moments passés sous les arbres, ombres, couleurs et parfums de la forêt de Huelgoat et il m'a semblé par hasard que les deux s'enchainaient très bien.
Cette magnifique mélodie polonaise est une chanson religieuse que j'ai entendue chantée par le musicien, collecteur et chanteur Janusz Prusinowski, rencontré en Bretagne en 2013 lors d'une soirée de chants et de musique inoubliable dans une ferme trégorroise. Elle était originalement chantée à la voix et accompagnée de manière très sobre à la vielle ; j'ai souhaité garder le côté répétitif, lancinant et dénudé de cette version qui m'avait marquée et l'ai adaptée avec un simple pont instrumental central pour la jouer avec Janick Martin.
J'ai trouvé le premier reel dans le fameux « O'Neill », recueil de référence en musique irlandaise, constitué et édité au tout début du XXe aux Etats-Unis par le lieutenant O'Neill, irlandais émigré dont le travail de collectage fut éminent. Ce morceau m'a interpellée lors de fouilles chronophages autant par sa belle mélodie que je n'avais jamais entendue que par son nom vraiment curieux dont je ne parviens toujours pas à trouver une traduction sensée ! J'ai appris le second thème du flûtiste et ami Davy Maguire de Belfast.
Cette valse aérienne qui appelle de toute évidence les pas de danse est arrivée jusqu'à moi lors d'un voyage en Irlande et de la rencontre à Spiddal avec Johnny Og Connolly qui en est le compositeur. A-t-elle des accents musette ? Des accents baroques ? Je ne saurais pas le dire mais elle a beau avoir été composée par un accordéoniste, elle se déroule avec évidence sous des doigts de flûtiste...
Le premier des deux thèmes qui referment ce disque est également celui qui l'ouvrait, et j'ai choisi pour terminer de l'arranger de manière plus étoffée en invitant deux musiciens hyper inventifs. J'ai appris le second thème de ton simpl sur la base de donnée DASTUM également, il y était joué par les sonneurs Michel Toutous et Yann Le Meur lors d'une fête à Châteauneuf-du-Faou, deux sonneurs dont le style fourni et virtuose a souvent interpellé mon oreille quand je suis arrivée en Bretagne. Comme la plupart des airs de danse bretons, il ne porte pas de nom.